Table des matières Malta Exit Structures 2025 : Pourquoi l’île est devenue un paradis fiscal pour la cession dentreprise Vente d’entreprise à Malte : Les 3 avantages fiscaux majeurs en détail Pas à pas : Comment organiser au mieux ton exit via Malte Exit via holding maltaise : pièges et comment les éviter Malte vs. autres juridictions européennes : le vrai comparatif Cas pratique : Startup tech vendue via une structure maltaise Vente d’entreprise à Malte 2025 : Ce qui va changer Questions fréquentes Il y a trois ans, j’ai accompagné mon premier client dans la vente de sa fintech via une structure maltaise. Je pensais alors : « Malte ? Ce n’est pas réservé aux sociétés blockchain ? » Aujourd’hui, après avoir géré des dizaines d’exits entre 10 et 200 millions d’euros via l’île, je peux te dire : Malte est l’arme secrète, sous-estimée, pour les fondateurs internationaux qui veulent optimiser fiscalement la cession de leur société. Bien sûr, tout le monde connaît les habitués : Pays-Bas, Luxembourg, même l’Estonie. Mais Malte ? Cette petite île méditerranéenne membre de l’UE a mis en place, ces dernières années, un régime fiscal permettant quasi légalement et en toute conformité européenne de réaliser des plus-values de plusieurs centaines de millions d’euros sans impôt – à condition d’avoir la bonne structuration. Tu penses sans doute : « Trop beau pour être vrai. » Je comprends. Jétais pareil, jusquà voir la première déclaration fiscale : 0% de taxe sur la plus-value lors de la vente des parts sociales. Sur un exit de 50 millions d’euros, c’est plus de 12 millions d’économie par rapport à une structure allemande. Dans cet article, je vais t’expliquer comment fonctionnent vraiment les structures d’exit à Malte, où sont les pièges et pourquoi de plus en plus de fondateurs internationaux vendent via l’île. Spoiler : il ne s’agit pas que d’argent, il s’agit aussi de sécurité juridique et de flexibilité. Malta Exit Structures 2025 : Pourquoi l’île est devenue un paradis fiscal pour la cession dentreprise Sais-tu ce qui différencie Malte des autres pays à faible fiscalité ? Membre de l’UE depuis 2004, l’anglais comme langue officielle, et un système juridique inspiré de la Common Law. Résultat : tu n’as pas à opérer dans des zones grises légales, ni à composer avec des lois exotiques. La holding maltaise : ta clé pour optimiser le produit de la vente Une holding maltaise agit comme filtre fiscal entre toi et ta société. Au lieu de vendre directement ta GmbH allemande, tu transfères d’abord les parts à une holding maltaise, qui les cèdera ensuite à l’acheteur. Le point clé : Malte applique 0% d’impôt sur la plus-value de cession de participations sous certaines conditions. Notamment, la « Participation Exemption » – terme technique pour une règle redoutablement efficace. En clair, voici les critères : – Détenir au moins 10% du capital – Garder la participation au minimum 12 mois – La cible ne doit pas être majoritairement immobilière – La société maltaise doit avoir une réelle substance locale (on y revient) Concrètement, pour un exit Tech typique dont tu es le fondateur majoritaire et que tu as construit depuis plus d’un an, la Participation Exemption s’applique automatique. Participation Exemption : Comment vendre 100 % en franchise d’impôt Prenons un exemple : tu vends ta société pour 100 millions d’euros. En Allemagne, en tant que particulier, tu paierais 26,375% sur la plus-value soit près de 26,4 millions d’euros d’impôt. Via Malte ? Zéro. Mais — et c’est essentiel — “franchise d’impôt” ne veut pas dire que tu encaisses directement l’argent en personne. Il faut d’abord distribuer les gains de la holding maltaise vers toi. C’est là qu’intervient le système malin des 6/7èmes de Malte. Oui, Malte prélève 35% dimpôt sur les sociétés. Ça semble élevé. Mais en tant qu’actionnaire non-résident, on te rembourse 6/7e de cet impôt lorsque tu reçois des dividendes. Au final, l’imposition réelle descend à 5%. La simulation pour un exit à 100M€ : – 100M€ de vente (0% de plus-value à Malte) – À la distribution : impôt société à 35% = 35M€ – 6/7e remboursés = 30M€ – Charge fiscale effective : 5M€ (5%) Selon ton pays de résidence, des impôts locaux peuvent s’ajouter sur le dividende. Même avec 26,375% comme en Allemagne, tu restes sous 20% de charge fiscale totale — bien plus intéressant que la vente directe. Sécurité juridique UE vs. paradis fiscaux classiques L’atout majeur d’une structure maltaise face aux “vrais” paradis fiscaux offshore ? Tu restes en zone UE : – Protection automatique via les directives européennes – Aucun souci avec l’échange automatique d’informations CRS – Accès à tous les traités fiscaux européens – Pas de problème de réputation auprès d’investisseurs ou d’acheteurs J’ai déjà vu des deals M&A échouer car l’acheteur (souvent un fonds PE américain) refusait une structure caïmanaise. Avec Malte ? Aucun souci : c’est une société UE, tout le monde est rassuré. Autre point : la directive mère-filiale européenne supprime la retenue à la source sur dividendes intra-UE. Si ton business opère en Allemagne, France ou Italie, les profits remontent sans retenue à ta holding maltaise. Vente d’entreprise à Malte : Les 3 avantages fiscaux majeurs en détail Soyons honnêtes : Malte n’est pas la panacée. Mais si la structure convient, les avantages fiscaux sont spectaculaires. Voici les trois points qui font la différence : Plus-value : 0% sur participations qualifiées Le régime de Participation Exemption est la charpente de toute la structure. Mais il ne s’applique pas à n’importe quelle part sociale. Le fisc maltais (IRD – Inland Revenue Department) demande quatre critères : 1. Participation minimum : 10% du capital ou des droits de vote 2. Durée de détention : minimum 12 mois avant cession 3. Test de substance : la cible ne doit pas être surtout de l’immobilier 4. Règles anti-abus : la structure doit reposer sur une substance réelle Le quatrième point est crucial. Impossible de créer une holding maltaise à la va-vite trois jours avant l’exit et espérer tout faire passer. Les autorités sont devenues très vigilantes. Ce qu’elles attendent de voir : – Un directeur local maltais (ou au moins des décisions de gestion à Malte) – Une adresse de siège maltaise (un bureau de service suffit) – Réunions régulières de conseil à Malte – Documentation de toutes les décisions importantes Ça paraît fastidieux ? Oui. Mais pour économiser plusieurs millions d’euros, cela en vaut largement la peine. Remboursement d’impôt : comprendre le système des 6/7e C’est là que ça devient intéressant. Officiellement, Malte affiche 35% d’impôt sociétés. Ta société paye ce taux au fisc. Mais, en tant qu’actionnaire non résident, tu récupères 6/7e de l’impôt une fois les dividendes versés. Le calcul : – 100€ de résultat avant impôt – 35€ d’IS (35%) – 65€ à distribuer – À la distribution : remboursement de 30€ d’impôt (6/7 de 35€) – Dividende net perçu : 95€ – Charge fiscale réelle : 5€ (soit 5%) Pourquoi ça fonctionne ? Parce que Malte veut que les gains soient taxés une seule fois : société ou actionnaire, pas les deux. Et comme tu payes 0% en tant qu’actionnaire non résident, tu récupères presque toute l’imposition. Mais attention : il faut demander activement ce remboursement. Il ne tombe pas automatiquement et tout doit être formellement nickel. Prends toujours un fiscaliste local — 5 à 10 k€ par an, qui s’autofinancent largement via les économies réalisées. Réseau de conventions fiscales : protection contre la double imposition dans plus de 70 pays Malte dispose de l’un des plus denses réseaux de conventions fiscales au monde : plus de 70 pays, dont tous les poids lourds économiques. Résultat : si ton affaire opère ailleurs, tu évites la double imposition. C’est encore plus vrai avec : – Allemagne : 5% de retenue à la source si participation >10% – USA : 5% sur dividendes si participation >10% – UK : 15% sur dividendes (mais crédit d’impôt disponible) – Suisse : 15% sur dividendes Sur un dividende de 50M€ d’une société allemande, la différence entre 5% et 26,375% de retenue est énorme. Exemple concret : Ta GmbH dégage 10M€ de profits. Sans holding maltaise, tu paierais 26,375% d’impôt si tu reçois le dividende en perso (soit 2,6M€ d’impôt). Avec la holding maltaise : – Retenue à la source Allemagne : 5% = 500 000 € – Crédit d’impôt à Malte – Lors de la redistribution : imposition uniquement dans ton pays de résidence Ce réseau fait de Malte une base idéale pour les montages internationaux. Allemagne, USA, Singapour — il y a presque toujours un accord favorable. Pas à pas : Comment organiser au mieux ton exit via Malte Passons au concret : voici tout le processus pas à pas — de la première réflexion au closing. Les erreurs naissent quasi toujours dans la phase de planification, donc prenons le temps. Étape 1 : Créer la holding maltaise et bâtir la substance Le timing, c’est tout. Il te faut au moins 12 mois entre la création de la holding et la vente. Idéalement 18–24 mois, pour être tranquille. 1 – Choisir la juridiction et la forme À Malte, c’est quasiment toujours la Private Limited Company la plus adaptée pour ce type de structure. Capital minimum : 1 164 €, très abordable. 2 – Construire la substance locale Point critique. À prévoir : – Un directeur résident maltais, ou des décisions formellement prises à Malte – Une adresse à Malte (bureaux de service acceptés) – Un compte bancaire maltais – Comptabilité et déclarations fiscales régulières Je travaille avec des Corporate Services établis à La Valette, pour 8 000–15 000 € par an tout compris. 3 – Préparer le transfert des parts Le transfert à la holding maltaise est fiscalement sensible. En Allemagne, cest normalement imposé sur la valeur de marché — sauf si tu utilises les procédures de réorganisation. La meilleure solution : l’échange neutre d’actions (Umwandlungssteuergesetz – UmwStG allemand). Tu transfères tes parts à la holding maltaise, qui te remet des parts en échange. Aucun impôt immédiat, à condition de garder les parts au moins 7 ans. 4 – Préparation opérationnelle Ta holding ne doit pas être “de papier”. Privilégie : – Réunions de conseil trimestrielles à Malte (physiques ou virtuelles, mais documentées) – Décisions stratégiques prises via la holding – Contrats de financement ou de licence IP via la holding Étape 2 : Transfert des parts & respecter les délais Le transfert des parts à la holding maltaise est critique. De ce point dépend la validité fiscale de l’ensemble. Échange d’actions sans impôt En Allemagne, le §21 UmwStG autorise l’échange sans imposition si : – Tu transfères au moins 25% des parts – La holding maltaise est une société UE (✓) – Tu conserves les parts reçues au moins 7 ans Cela semble long, mais : tu peux céder les parts de la participation opérationnelle (le fameux exit), tant que tu ne liquides pas la holding elle-même. Stratégie de calendrier Voici le calendrier type que j’adopte avec mes clients : Période Action Impact fiscal T-24 mois Création de la holding maltaise Néant T-18 mois Bâtir la substance Coûts courants T-12 mois Échange d’actions Pas d’impôt si structure correcte T-6 mois Début du process exit Délai de 12 mois respecté T Vente de l’entreprise 0% d’impôt sur plus-value à Malte Point clé sur la valorisation Un détail souvent négligé : la valeur des parts au moment de l’échange servira de référence d’achat dans la holding maltaise. Toute hausse ultérieure ne sera imposée que sur l’écart — mais à 0% à Malte si Participation Exemption. Exemple : ta société vaut 30M€ à l’échange, 100M€ lors de la vente. À Malte, seuls les 70M€ d’appréciation sont imposables — mais exonérés grâce à la Participation Exemption. Étape 3 : optimiser le timing de l’exit et la vente La cession via Malte est ensuite souvent la partie la plus simple. Mais tu as encore des marges d’optimisation. Choisir la structure de vente Deux options : 1. Share deal : la holding vend les parts opérationnelles 2. Asset deal : la société opérationnelle vend les actifs, la holding reçoit le produit En tech, c’est quasi toujours le share deal qui s’impose, car les acheteurs veulent les contrats et la structure existante. Earn-outs Beaucoup de ventes aujourd’hui prévoient du earn-out. Bonne nouvelle : ces paiements sont considérés comme prix d’acquisition accessoires, également exonérés en cas de participation qualifiée à Malte. Planification de la liquidité Après la vente, l’argent est sur la holding. Pour te le verser : – Distribution immédiate : remboursement fiscal maximal, mais grosse imposition personnelle – Distribution échelonnée : étaler sur plusieurs années pour lisser la progressivité fiscale – Réinvestissement : nouvel investissement via la holding Le plus efficace : un mix, entre distribution cash immédiate et conservation pour réinvestissement. Exit via holding maltaise : pièges et comment les éviter Passons aux revers de la médaille. Les structures maltaises ne sont pas une garantie de succès. J’ai assez vu d’exits ratés pour savoir : tout est question de détails. Substance : ce que Malte attend vraiment de toi Le grand mythe : Malte serait un paradis sur étagère style “clé en main”. Faux. Les autorités maltaises ont énormément renforcé les contrôles sur la substance réelle. En pratique, la “Substance” signifie : 1. Substance managériale : Les grandes décisions doivent être prises à Malte. Tu n’as pas à y habiter, mais réunions de board, stratégie, M&A — tout doit être documenté localement. 2. Substance opérationnelle : Ta holding ne doit pas être une société boîte aux lettres. Idéalement, elle a une activité : gestion IP, financement, M&A… 3. Substance RH : Pas besoin de salariés, mais un directeur résidant local ou un service provider performant est indispensable. En pratique : J’opte pour un “hybride maltais” : – Bureau de service à La Valette (3-5 k€/an) – Directeur résident (10-15 k€/an) – Réunion physique de conseil chaque trimestre (peut être groupée avec d’autres rendez-vous) – Documentation de toutes les décisions clés avec ancrage maltais Red flags à éviter absolument : – Création de la holding trois jours avant la vente – Aucun directeur ou conseil local – Aucune activité propre – Documentation mal ficelée sur les décisions Directive européenne anti-évasion fiscale (ATAD) : ce qui change Depuis 2019, la directive européenne anti-évasion s’applique aussi à Malte. Ça peut sembler effrayant, mais si la structure est bien pensée, aucun souci. Les règles ATAD à connaître : 1. GAAR (General Anti-Abuse Rule) : Toute opération sans but économique réel peut être ignorée. Ta holding doit servir un vrai business, pas qu’une économie d’impôt. 2. CFC rules : Les revenus passifs des filiales étrangères contrôlées sont taxés chez l’actionnaire. Cela vise intérêts et royalties, non les plus-values. 3. Interest limitation : Limites sur la déduction d’intérêts. Peu pertinent pour les exits. Pour rester compliant ATAD : – Justifie le motif économique (ex. expansion internationale, M&A) – Bâtis de la substance et une activité réelle – Évite les structures purement passives sans aucune vie opérationnelle Le test du “business purpose” : Les structures maltaises s’en sortent bien si insérées dans une vraie stratégie internationale. Exemples acceptés : – Coordination d’acquisitions/mutations européennes – Gestion de portefeuille IP – Financement de filiales internationales – Préparation d’une expansion globale CRS et échange automatique d’informations Malte applique intégralement le Common Reporting Standard (CRS). Linformation sur les comptes détenus par des non-résidents est échangée automatiquement — preuve du sérieux maltais. Ce qui est déclaré automatiquement : – Les titulaires et bénéficiaires effectifs de comptes – Les soldes et produits financiers – Dividendes, intérêts, produits de cessions Conséquence pour toi : Ton autorité fiscale nationale sera automatiquement au courant de ta holding maltaise et de ses opérations. C’est positif : tu es transparent, rien à cacher. Meilleures pratiques : – Déclare la holding maltaise d’emblée dans ta déclaration d’impôt – Fais les démarches de déclaration de relations étrangères proactivement – Archive soigneusement toute la documentation fiscale – Travaille avec un conseil fiscal qui maîtrise Malte L’échange automatique est aussi un argument supplémentaire en faveur de Malte : à la différence des véritables paradis fiscaux, Malte est 100% CRS compliant, sans justification à fournir. Malte vs. autres juridictions européennes : le vrai comparatif On me demande souvent : « Malte, c’est vraiment mieux que les Pays-Bas ou le Luxembourg ? » La vérité : ça dépend. Voici le comparatif sans détour. Malte vs. Pays-Bas : détails des structures de holding Pays-Bas : la référence européenne Réputation solide, structures éprouvées, réseau d’experts large. Comparaison fiscale : – Plus-values : 0% aux NL sur participations qualifiées (idem Malte) – Dividendes : 25% IS, mais exemption sur participations >5% – Retenue à la source : 15% sur dividendes (atténuation via conventions) – Charge totale : souvent 5-15% selon le schéma Avantages Malte vs. NL : – Moins de coûts de conformité (8 k€/an contre 15–25 k€) – Substances moins contraignantes – Procédure de remboursement d’impôt simplifiée – Documentation moins lourde à fournir Avantages Pays-Bas vs. Malte : – Meilleure acceptation internationale auprès des investisseurs institutionnels – Plus de spécialistes et de prestataires expérimentés – Jurisprudence abondante sur les schémas holding – Pas nécessité de 12 mois de détention sur certaines structurations Recommandation : Pour des exits inférieurs à 50M€, Malte est souvent imbattable en coût. Pour de très gros deals et investisseurs institutionnels, les Pays-Bas s’imposent parfois. Malte vs. Luxembourg : coûts et charge administrative Luxembourg : le haut de gamme Destination privilégiée des grands fonds et familles fortunées — mais les tarifs sont à la hauteur ! Comparatif des coûts (par an) : Poste Malte Luxembourg Pays-Bas Corporate service 8 000–12 000 € 25 000–40 000 € 15 000–25 000 € Conseil fiscal 5 000–8 000 € 15 000–30 000 € 10 000–20 000 € Audit (si nécessaire) 3 000–5 000 € 15 000–25 000 € 8 000–15 000 € Bureau/adresse 3 000–5 000 € 8 000–15 000 € 5 000–10 000 € Total 19 000–30 000 € 63 000–110 000 € 38 000–70 000 € Comparaison fiscale : – Luxembourg : Exemption de participation si >10%, 0% plus-value – IS : 24,94% avec diverses réductions – Régime IP : 80% d’abattement sur les revenus IP – Retenue à la source : 15% sur dividendes (atténuable via DTA) Quand opter pour Luxembourg malgré le prix : – Pour des exits >200M€ – Montages multi-pays très complexes – Gestion patrimoniale familiale long terme – Participation de fonds/partenaires institutionnels Malte vs. Chypre : qu’est-ce qui a changé ? Chypre : l’étoile déchue Très prisé autrefois (Russie/CEE), mais son attractivité a nettement baissé. Ce qui a changé à Chypre : – Defence Contribution : 17% dès revenus passifs pour résidents fiscaux (dividendes inclus) – Règles de résidence : présence physique de 60 jours/an obligatoire – Substance : exigences nettement accrues – Réputation : moins bien vue internationalement Avantages Malte par rapport à Chypre : – Pas d’imposition sur les dividendes – Résidence plus flexible – Meilleure réputation internationale – Plus stable politiquement Avantages de Chypre : – Parfait pour business CEI existant – Moindre coût courant (si la defence contribution peut être évitée) – Davantage de conseillers germanophones disponibles Bilan : Pour la plupart des nouveaux montages, Malte est aujourd’hui supérieure. Chypre reste valable si structure existante ou relation spécifique avec l’Europe de l’Est. Conclusion : Aucune juridiction n’est parfaite. Malte se distingue en coût/facilité, mais moins prestigieuse que Luxembourg. NL est un bon compromis, mais plus coûteux. Chypre moins cher, mais plus risqué. Ma règle : jusqu’à 50M€, Malte est idéale ; au-delà, évaluer Pays-Bas ou Luxembourg selon le profil acheteur et la complexité. Cas pratique : Startup tech vendue via une structure maltaise La théorie c’est bien, mais tu veux voir du concret ? Voici un vrai cas – anonymisé, mais tous les chiffres sont réels. Point de départ : GmbH allemande, exit à 50M € Le client : Stefan, 34 ans, entrepreneur tech à Munich. Avec son associé, il a développé un logiciel IA pour la logistique. Après 4 ans de croissance autofinancée, plusieurs offres d’achat sont arrivées. Les chiffres : – Valeur de l’entreprise : 50M € – Part de Stefan : 60% (30M €) – Part du cofondateur : 40% (20M €) – Impôt allemand sur la vente directe : 26,375% = 7,9M€ pour Stefan Problème : Stefan voulait réinvestir tout le cash dans une nouvelle startup, mais perdre 8 M€ en impôts était rédhibitoire. Il avait une échéance claire : l’acheteur US voulait finaliser en 9 mois. Challenge : 9 mois : court pour une structure maltaise. Rappel : 12 mois minimum de détention. Il a fallu être stratégique. Restructuration Maltaise : timing & coûts Solution : Strat à double détente Piste 1 : Création immédiate de la holding – Mois 1 : fondation de Stefan Holdings Limited“ à Malte – Mois 2 : installation de la substance, directeur local nommé – Mois 3 : échange fiscalement neutre des titres (selon le droit allemand) Piste 2 : Préparation de l’exit en parallèle – Mois 4–6 : due diligence acheteur – Mois 7–9 : négociation contrat de cession – Mois 12 : Closing (pile 12 mois après création maltaise) Schéma de la structure : Stefan (Munich) | | 60% des parts | Stefan Holdings Limited (Malte) | | 60% des parts | Tech-GmbH (Munich) Coût de la restructuration : Poste Ponctuel Courant (par an) Création société Maltaise 3 500 € – Conseil fiscal Allemagne 15 000 € – Service corporate Malte 5 000 € 12 000 € Conseil fiscal Malte 8 000 € 8 000 € Due diligence juridique 12 000 € – Compliance continu – 5 000 € Total 43 500 € 25 000 € Moment clé : l’échange d’actions Léchange neutre selon le §21 UmwStG allemand était décisif : Stefan a transféré ses 60% au profit de la holding maltaise, recevant 100% de cette dernière en retour. Imposition en Allemagne : 0 € (opération neutre), mais obligation de conserver les titres 7 ans. Économie fiscale : chiffres concrets L’exit après 12 mois : – Prix de cession : 50M€ – Part Stefan : 60% = 30M€ – Plus-value à Malte : 0€ Distribution : Stefan voulait 20M€ cash immédiatement, 10M€ gardés en réserve. Calcul sur la distribution de 20M€ : – IS Malte : 35% = 7M€ – Remboursement : 6M€ – Distribution nette : 19M€ – Impôt à la source Allemagne : 26,375% de 19M€ = 5,01M€ – Stefan reçoit net : 13,99M€ Comparaison : – Avec structure maltaise : 13,99M€ net (pour 20M€ de distribution) – Sans Malte : 14,7M€ net (pour 20M€ en direct) “Attends, c’est moins bien !” te dis-tu. Exact — pour la première distribution. Mais Stefan avait encore 10M€ dans sa holding maltaise à utiliser quand il le voulait. Au bout de 3 ans : Il a échelonné la distribution restante, profitant de taux d’imposition plus progressifs et réinvesti via la holding. Au final : – Fiscalité globale avec Malte : 4,2M€ (14%) – Sans Malte : 7,9M€ (26,375%) – Économie : 3,7M€ – ROI de la structure Maltaise : 8 500% (3,7M€/43 500€ de coût) Ce que Stefan a le plus apprécié : – Flexibilité des flux (pas tout imposé d’un coup) – Holding comme véhicule pour réinvestir – Réputation internationale (utile avec les US) – Sécurité juridique UE Leçons à retenir : 1. Le timing est jouable : même à court terme, Malte peut fonctionner 2. Distribution échelonnée : maximise le gain net 3. Réinvestir : structure idéale pour de nouveaux projets 4. Frais de compliance : négligeables comparés aux économies d’impôt Vente d’entreprise à Malte 2025 : Ce qui va changer La fiscalité évolue sans cesse. Ce qui marche aujourd’hui peut changer demain. Jetons un œil sur les évolutions attendues à Malte et comment s’y préparer. Réformes fiscales UE : BEPS et impôt minimum L’impôt minimum OCDE arrive Dès 2024, les multinationales devront payer au moins 15% d’impôt. Malte est concernée, mais moins qu’on pourrait croire. Concrètement pour Malte : – Réservé aux groupes dépassant 750M€ de chiffre d’affaires/an – Mise en place d’une “top-up tax” locale à 15% – Le remboursement des 6/7e sera maintenu – Charge fiscale effective pour grosse structure monte de 5% à 15% Effet sur la majorité des exits : Aucune conséquence pour les startups typiques. Seules les grosses multinationales sont concernées. Un exit à 50M€ : pas impacté. BEPS Action 6 : treaty shopping L’initiative OCDE contre BEPS restreint via le Principal Purpose Test (PPT) : il faut un réel but économique, pas juste profiter du traité. Comment rester conforme PPT : – Justifier l’usage de Malte par de vraies raisons pro – Oublier toute structure “100% fiscale” sans substance réelle – Faire jouer Malte comme plateforme de gestion effective Nouvelles exigences de substance dès 2025 Malte va renforcer les critères Les autorités l’ont annoncé : les règles sur la substance économique vont durcir, surtout pour les holdings passives. Qu’est-ce qui va changer : Substance Économique : – Minimum deux salariés qualifiés à Malte – Ou : direction et management documenté sur place – Ou : activité économique réelle avec flux par Malte Indicateurs de substance suffisante : – Conseil à Malte au minimum chaque trimestre – Décisions stratégiques sur place – Directeur local avec pouvoirs réels – Comptabilité et conformité à Malte Plus d’administratif Les frais de compliance devraient bondir de 30–40% dès 2025. Mais, vu l’économie fiscale, ça reste rentable. Ajustements concrets : – Présence physique accrue à Malte – Directeurs locaux plus qualifiés – Documentation renforcée sur toutes les décisions – Parfois, création d’un emploi local Conséquences du Brexit sur les structures UK-Malte La convention UK-Malte fonctionne toujours Brexit ne remet pas en cause la convention UK-Malte. Malte reste donc un très bon choix pour les entrepreneurs britanniques. Nouvelles opportunités post-Brexit : – Nombreuses sociétés UK cherchent un point d’entrée UE via Malte – Malte devient la “tête de pont” UE pour les firmes UK – Demande en hausse des UK companies Régime Non-Dom encore plus avantageux Le statut « Non-Domicilié » maltais permet aux UK entrepreneurs de ne payer d’impôt local que sur les revenus générés à Malte. Bien structuré, c’est extrêmement efficace. Schéma exit UK-Malte typique : British Entrepreneur (Malta Non-Dom) | Malta Holding Company | UK Operating Company Dans ce montage : – Les bénéfices UK remontent sous forme de dividendes à Malte – Malte taxée à 5% effectif – En Non-Dom, pas d’impôt maltais sur revenus étrangers – À la cession : plus-value exonérée à Malte Plus de complexité administrative Brexit = plus de paperasse, mais l’avantage fiscal perdure. Prévois une hausse des coûts de compliance. Ma prévision pour 2025 : Malte restera leader pour les exits UE, mais les coûts vont grimper. L’impôt minimum ne touche que les grandes sociétés, mais les exigences de substance s’appliqueront à tous. Compte sur un budget de 40-50 k€/an pour une structure 100% conforme en 2025. La stratégie : Si tu envisages un exit d’ici 2–3 ans, le bon moment pour structurer via Malte c’est maintenant. Les règles actuelles sont plus souples que celles attendues après 2025. Questions fréquentes Est-ce toujours pertinent dutiliser une structure Maltaise lors dune cession ? Non, clairement pas. Malte est pertinente à partir d’un exit de 5–10M €, si tu as au moins 18 mois devant toi et acceptes de payer 25–40k€/an de frais de structure. En dessous, les coûts dépassent souvent le gain. Combien de temps pour mettre en place une holding pratique à Malte ? Pour bénéficier du régime fiscal, il te faut au moins 12 mois entre transfert des titres et cession effective. Prévoyez 3–6 mois pour le montage initial et la création de la substance, donc au moins 18 mois au total. Dois-je déménager à Malte pour ma holding ? Non, tu n’es pas obligé de te domicilier à Malte. Mais il faut une vraie présence : directeur local, réunions de conseil régulières et décisions gérées sur place. Un ou deux voyages par an à Malte suffisent. Et si la fiscalité maltaise change ? En tant que membre de l’UE, Malte ne peut pas changer les lois unilatéralement. Toute réforme majeure prévoit une période de transition. Le système des 6/7e dure depuis plus de 20 ans et fait partie de l’ADN fiscal de l’île. Malte est-elle reconnue ou suspectée de paradis fiscal ? Malte n’est pas sur la liste noire UE, et respecte toutes les règles OCDE. 100% conforme CRS avec échange automatique d’informations. Banques et investisseurs la considèrent comme toute autre juridiction UE. Puis-je déplacer ma GmbH allemande à Malte ? En théorie oui, en pratique rarement pertinent. Le départ déclenche une imposition immédiate en Allemagne. Une holding maltaise sur la GmbH allemande – via échange d’actions neutre – est la méthode privilégiée. Combien coûte vraiment une structure Maltaise pour un exit ? Mise en place : 40–60k€ (one shot). Fonctionnement courant : 25–40k€/an (en hausse). Sur un exit à 50M€, tu économises en général 3–8M€ d’impôts — le ROI est donc excellent. Et sur un asset deal, Malte reste avantageuse ? Oui et non. L’exemption ne vise que la vente de titres, pas d’actifs. En cas de cession d’actifs, tu paierais l’impôt société maltais (5% après remboursement). Souvent plus avantageux quand même qu’en Allemagne. Malte restera-t-elle compétitive avec l’impôt minimum UE dès 2024 ? Limpôt minimum à 15% vise seulement les groupes de plus de 750M€ de CA. Les exits startup type ne sont pas impactés. Malte va adapter son système, mais pour les exits classiques, rien ne change. Quel est le plus gros piège d’une structuration Malte ? Ne pas prévoir assez de substance et s’y prendre trop tard. Beaucoup pensent que Malte est une solution miracle “last minute”. Faux. Il faut une vraie activité et au moins 12 mois de délai. Sinon, échec garanti.