Table des matières Formes juridiques à Malte : Limited Company vs. auto-entrepreneur en un coup dœil Limited Company à Malte : avantages, inconvénients et coûts pour les freelances Entreprise individuelle à Malte : quand choisir la solution la plus simple Comparer les impôts : que paie-t-on en Limited Company vs. auto-entrepreneur ? Responsabilité et risques : comment protéger son patrimoine privé ? Gestion administrative : comptabilité, reporting et coûts récurrents Pas à pas : comment créer son entreprise à Malte Erreurs fréquentes dans le choix du statut – et comment les éviter Questions fréquentes Tu rêves de t’installer comme nomade digital ou freelance à Malte ? Alors tu es face à un choix qui aura un impact durable sur ton activité : Limited Company ou entreprise individuelle ? Je sais… sur le papier, c’est aussi sec que la campagne de Gozo en août. Mais crois-moi : de cette décision dépend si tu finiras l’année à siroter une Cisk détendu·e sur le port de Spinola Bay, ou à fixer, stressé·e, ton avis d’imposition. Après deux ans sur l’île et des dizaines de discussions avec des freelances venus tenter l’aventure, je connais les pièges, les opportunités, et – soyons honnêtes – ces moments où tu te dis : Mais pourquoi personne ne m’a prévenu ? C’est pour ça que tu trouves ici un reality-check sans filtre, avec des chiffres concrets, des témoignages authentiques et des recommandations très claires. Formes juridiques à Malte : Limited Company vs. auto-entrepreneur en un coup dœil À Malte, en tant que freelance international, deux voies soffrent à toi pour te lancer : l’entreprise individuelle (Sole Trader) et la Limited Company (Ltd.). Les deux ont leur raison d’être, mais – c’est essentiel – elles correspondent à des situations de vie et de business totalement différentes. Qu’est-ce qu’une entreprise individuelle à Malte ? L’entreprise individuelle (Sole Trader Business), c’est la forme la plus simple de travail indépendant à Malte. Tu t’inscris auprès de la Malta Enterprise, tu obtiens une licence d’activité, et c’est parti. Point. Pas de structure complexe, pas d’apport minimal, pas d’assemblées d’associés. Tu es l’entreprise, l’entreprise c’est toi. Tentant, non ? Ça l’est – si tu démarres petit avec des risques limités. Mais attention : tu es responsable sur tout ton patrimoine privé. Chaque euro sur ton compte, ton appartement, ta voiture – tout peut servir à rembourser, dans le pire des cas. Qu’est-ce qu’une Limited Company à Malte ? La Limited Company est une entité légale distincte – séparée de toi en tant que personne privée. Concrètement : la société a son propre compte bancaire, ses propres dettes et – c’est là l’astuce – sa propre responsabilité. Ton patrimoine personnel reste en dehors (sauf cas exceptionnel de faute lourde). Le prix à payer ? Plus de paperasse, des frais de création supérieurs et des exigences annuelles de conformité. Mais si ton activité grossit ou que tu gères des montants importants, c’est généralement un investissement rentable. Les différences clés en un coup d’œil Aspect Entreprise individuelle Limited Company Responsabilité Illimitée et personnelle Limitée au capital social Coût de création €150 – €300 €1.200 – €2.000 Capital minimum Aucun €1.164,69 Taux d’imposition 0% – 35% (progressif) 35% (avec remboursements) Comptabilité Simple Comptabilité en partie double Clôture annuelle Non requise Obligatoire En clair : Si tu débutes, prends peu de risques et gagnes moins de €25.000 par an, l’entreprise individuelle peut être la solution idéale. Mais dès que tu gères des sommes conséquentes ou des clients pour qui le moindre litige pourrait coûter cher, pense sérieusement à la Limited Company. Limited Company à Malte : avantages, inconvénients et coûts pour les freelances Passons au concret. Voici pourquoi 80% des freelances internationaux à succès à Malte choisissent la Limited Company – et dans quels cas tu pourrais faire exception. Les atouts d’une Limited Company pour freelance Responsabilité limitée : ton bouclier financier Imagine qu’un projet tourne mal. Ton code fait planter le système d’une grande entreprise, ou ta campagne marketing viole la RGPD. En auto-entrepreneur, tu pourrais perdre ta maison. En Limited Company, tu ne risques que le capital social – donc les €1.164,69 minimum, plus ce qu’il y a sur le compte de la société. Optimisation fiscale grâce au Full Imputation System maltais Là, Malte devient vraiment intéressante : grâce au Full Imputation System, les associés récupèrent jusqu’à 6/7 des impôts sur les sociétés payés lors de la distribution de dividendes. Tu as du mal à suivre ? Prenons un exemple concret : Tu réalises €50.000 de bénéfices. La société paie €17.500 d’impôt sur les sociétés (35%). Si tu te verses €32.500 en dividendes, tu récupères €15.000 d’impôt. Taux effectif : 5% au lieu de 35%. Pas mal, non ? Crédibilité internationale Les clients font plus confiance à Müller Ltd. qu’à Hans Müller, freelance. Une Limited Company paraît plus professionnelle, plus solide – et, avouons-le, plus lucrative. Pour de gros contrats, ça fait souvent la différence. Les inconvénients d’une Limited Company Frais de création et coûts récurrents plus élevés Créer une Limited Company coûte plus cher au départ (€1.200 – €2.000), mais aussi chaque année. Prévoyez : Frais annuels au Malta Business Registry : €245 Honoraires de comptable : €150 – €400 par mois Conseils fiscaux : €800 – €2.000 par an Audit (si chiffre d’affaires > €175.000) : €2.000 – €5.000 Gestion plus complexe Oublie les feuilles Excel. Une Limited Company exige une comptabilité rigoureuse, des bilans annuels et des rapports réguliers à l’administration. Il faut s’y former ou déléguer – donc payer ou investir du temps. Capital minimal et gestion de trésorerie Les €1.164,69 d’apport ne sont pas insurmontables, mais doivent rester sur le compte pro. Tu ne peux pas non plus piocher à volonté dans la caisse : te verser un salaire nécessite une fiche de paie, les dividendes doivent être validés. Pour qui la Limited Company vaut-elle le coup ? D’après mon expérience, la Limited Company prend tout son sens si au moins un de ces points s’applique : Chiffre d’affaires > €25.000/an : tu profites alors pleinement des avantages fiscaux Business à risque : IT, conseil, marketing – tout ce qui peut coûter cher en cas de litige Clients internationaux : le B2B passe mieux avec une structure pro Projet de croissance : tu veux embaucher ou t’associer Recherche d’investisseurs : aucun VC n’investira dans Hans Müller personnellement En résumé : En tant que développeur·se, designer ou consultant·e surtout tourné·e vers l’international, et si tu veux viser plus haut, la Limited Company est souvent la meilleure option. Oui, c’est plus cher et plus complexe. Mais les bénéfices l’emportent à partir d’un certain palier. Entreprise individuelle à Malte : quand choisir la solution la plus simple On n’a pas toujours besoin de monter une grosse structure. Parfois, le plus simple, c’est le mieux. Voici dans quels cas l’entreprise individuelle à Malte te conviendra parfaitement. Les atouts de l’entreprise individuelle Création ultra-simple Tu crées ton entreprise individuelle en une matinée. Direction Malta Enterprise à Valletta (prévois de la patience, l’attente est légendaire), tu remplis le formulaire, tu paies €125 pour la licence, et voilà. Pas de rendez-vous chez le notaire, pas d’attestation de capital, pas de statuts compliqués. Coûts de fonctionnement minimes En dehors du renouvellement annuel de la licence (€50-125 selon l’activité), quasi aucune charge fixe. Pas d’apport obligatoire, pas d’audit, pas d’assemblées générales. Tu peux gérer ta compta sur un logiciel basique ou même Excel – du moment que tu gardes tous les justificatifs. Contrôle total de tes finances Tous les revenus sont directement à toi. Pas de frontière entre argent de la société et argent perso (juridiquement, c’est la même chose). Ce soir tu veux te verser €2.000 ? Vas-y. €500 demain ? Aucun problème. Cette flexibilité est précieuse si tes revenus varient. Risques et inconvénients Responsabilité illimitée C’est le nerf de la guerre. En cas de pépin, c’est tout ton patrimoine personnel qui peut y passer. Ton appart, ta voiture, tes comptes bancaires – tout peut être saisi. J’ai vu un webdesigner risquer de perdre son appart suite à un seul projet e-commerce raté. Moins d’optimisation fiscale dès que tu gagnes bien L’impôt sur le revenu à Malte est progressif et peut monter jusqu’à 35%. Sans les optimisations de la Limited Company, tu vas vite payer trop d’impôts au-delà de €20.000–€25.000/an. Croissance limitée Employer du personnel ? Difficile. Faire entrer des investisseurs ? Impossible. S’associer ? Compliqué. Une entreprise individuelle reste (par définition) un one man/woman show. Pour qui lentreprise individuelle est-elle faite ? L’entreprise individuelle fait sens si tu : débutes et gagnes moins de €20.000/an proposes des services à faible risque (rédaction, graphisme basique, cours en ligne) as besoin de flexibilité sans volonté de croissance veux zéro contraintes administratives et éviter la compliance veux simplement tester Malte comme lieu d’activité Profils type d’auto-entrepreneurs à Malte Le freelance lifestyle Sarah rédige des articles de blog pour des entreprises allemandes, fait €18.000/an, et adore sa flexibilité. Elle travaille le matin sur son laptop, l’après-midi à la plage, le soir dans un café de Sliema. Pour elle, l’entreprise individuelle est parfaite – frais réduits, effort minimal et liberté maximale. Le testeur-nomade Marco veut voir si Malte lui plaît sur le long terme. Il donne des cours de piano en ligne, gagne €15.000 par an. L’entreprise individuelle lui laisse toutes les portes ouvertes : s’il souhaite partir, il s’en va facilement. Si ça marche, il peut basculer en Limited Company plus tard. La spécialiste de niche Anna traduit des textes médicaux, travaille pour cinq clients réguliers. Risque maitrisé, revenus constants de €22.000/an. Elle apprécie la simplicité et préfère se concentrer sur la traduction que sur l’administratif. Ce que ça veut dire pour toi ? L’entreprise individuelle est le tremplin idéal si tu commences prudemment ou si tu veux rester petit·e. Mais ne néglige pas les risques sur le plan de la responsabilité – et prépare dès le départ la transition vers la Limited Company si ton activité décolle. Comparer les impôts : que paie-t-on en Limited Company vs. auto-entrepreneur ? On passe aux chiffres. À la fin de la journée, c’est souvent ta charge fiscale qui décidera si Malte est vraiment avantageuse – ou si tu te bats contre la paperasse maltaise pour rien. Impôts pour les auto-entrepreneurs à Malte Tu paies tout simplement l’impôt sur le revenu maltais, selon un barème progressif : Revenu Taux d’imposition Impôt Taux effectif €0 – €9.100 0% €0 0% €9.101 – €14.500 15% €810 5,6% €14.501 – €19.500 25% €2.060 10,6% €19.501 – €60.000 25% €12.185 20,3% Plus de €60.000 35% Variable Jusqu’à 35% À cela s’ajoute la Sécurité sociale – raisonnable à Malte. Pour les indépendants : Minimum : €22/semaine (€1.144/an) Si revenus plus élevés : 10% jusqu’à €4.852 maximum/an Exemple pour €30.000 de revenus annuels : Impôt sur le revenu : €4.685 Sécurité sociale : €3.000 Total : €7.685 (25,6%) Impôts pour les Limited Companies Là, ça devient intéressant… et un peu technique. La Limited Company paie d’abord 35% d’impôt sur le bénéfice. Mais, grâce au Full Imputation System, tout change. Le secret du remboursement 6/7 Malte gère différents Tax Accounts selon la source du revenu. Pour les freelances, les principaux sont : Maltese Source Account : revenus maltais → remboursement 6/7 (soit 5% effectif) Foreign Source Account : revenus UE → remboursement 6/7 (soit 5% effectif) Final Tax Account : certains revenus passifs → pas de remboursement (35%) Exemple pour €50.000 de bénéfice : La société paie €17.500 d’impôt (35%) Restent : €32.500 à distribuer En distribuant tous les bénéfices : remboursement de €15.000 (6/7 de €17.500) Tu reçois : €32.500 + €15.000 = €47.500 Imposition effective : €2.500 (5%) Mais attention : cette optimisation ne marche que si tu distribues tout en dividendes. Si tu laisses des fonds dans la société, l’impôt reste bloqué. Point de bascule fiscal : à partir de quand la Limited Company devient-elle intéressante ? J’ai fait le calcul pour différents niveaux de revenus – tous frais inclus : Revenu annuel Auto-entrepreneur Limited Company Écart €15.000 €1.519 (10,1%) €3.250* (21,7%) -€1.731 €25.000 €3.769 (15,1%) €3.750* (15,0%) -€19 €40.000 €7.519 (18,8%) €4.500* (11,3%) +€3.019 €60.000 €12.519 (20,9%) €5.500* (9,2%) +€7.019 *Incluant les frais de gestion (€1.500 – €2.500/an) Règles spécifiques et pièges fréquents La règle des 183 jours Pour devenir résident fiscal maltais, il faut passer au moins 183 jours/an à Malte. Sinon, tu restes imposé dans ton pays d’origine et perds la plupart des avantages locaux. Problèmes de retenue à la source En travaillant via une société maltaise pour des clients allemands, ces derniers doivent souvent retenir 5% à la source. Tu récupères cet argent, mais seulement après la déclaration – impact temporaire sur ta trésorerie. En résumé : La Limited Company commence à être avantageuse fiscalement dès €25.000 de revenus annuels. À partir de €40.000, elle est presque systématiquement mieux. Mais pense bien aux frais annexes et à la charge administrative – eux aussi doivent être couverts. Responsabilité et risques : comment protéger son patrimoine privé ? C’est ici que tout se joue. Même avec l’optimisation fiscale la plus pointue – si un seul client te poursuit et que tu y laisses ta maison, avoir choisi Malte n’aura rien changé. Voici comment bien te couvrir. Responsabilité en entreprise individuelle : risque maximal En entreprise individuelle, tu engages absolument tout ce que tu possèdes : Ton compte en banque (pro et perso) Tes biens immobiliers (même ceux en Allemagne) Ta voiture, bijoux, équipement électronique Tes futurs revenus (saisie sur salaire possible) Même le compte de ton/ta conjoint·e peut être touché Un cas réel : un développeur web crée une boutique en ligne. Une faille de sécurité entraîne un vol de données clients. Dommages : €150.000. En auto-entrepreneur, il aurait dû vendre son appart. Responsabilité en Limited Company : protection (presque) totale La Limited Company est une personne morale distincte. Concrètement, c’est la société qui assume – toi, tu es à l’abri… la plupart du temps. Où s’arrête donc la responsabilité limitée ? Pour les erreurs ou oublis courants En cas de litige contractuel Pour retards de livraison, défauts produits Pour des violations mineures de la protection des données Mais tu restes personnellement responsable si : Délit intentionnel : fraude, détournement, fraude fiscale Faute lourde : prise de risques manifestement irresponsables Levée du voile social : confusions entre finances pro/perso Caution personnelle : si tu t’engages pour des dettes de la société Bien s’assurer : les assurances incontournables pour freelance Même en Limited Company, ne fais pas l’impasse sur les assurances. Voici celles qui ont du sens pour un freelance international : Assurance RC pro (Professional Indemnity) Couvre les dégâts liés à ton activité. Coût à Malte : €300 – €800/an pour €500.000 à €1.000.000 de couverture. Surtout pour : Développeurs et consultants IT Agences marketing Conseillers financiers ou fiscaux Architectes, ingénieurs Responsabilité civile générale (Public Liability) Couvre les dommages matériels, ex : tu renverses de l’eau sur un serveur chez le client. En général : €150 – €300/an. Assurance cyber-risques De plus en plus essentielle. Couvre violation de données, hacks, cyber-extorsion. Compte €400 – €1.200/an, selon le volume de données traitées. Réduire les risques dans la pratique Des contrats solides Quelle que soit la forme juridique, tes contrats représentent ta première ligne de défense : Limitation de responsabilité : La responsabilité est plafonnée au montant du contrat Exclusion de garantie : Aucune garantie de performance ou disponibilité continue Force majeure : Aucune responsabilité en cas d’évènement imprévisible Compétence des tribunaux maltais : Tout litige sera tranché devant les autorités maltaises Comptabilité et documentation irréprochables Surtout en Limited Company : sépare toujours clairement finances pro et perso. Ne mélange jamais les flux, sinon adieu la limitation de responsabilité ! Analyse des risques : quel est vraiment ton niveau d’exposition ? Toutes les activités ne se valent pas. D’après mon expertise : Risque faible : Rédaction et traduction Graphisme (si pas de questions de propriété intellectuelle) Coaching en ligne et cours Gestion des réseaux sociaux Risque moyen : Développement web, apps SEO et webmarketing Comptabilité, conseil fiscal Conseil RH Risque élevé : Conseil financier, gestion de patrimoine Conseil juridique Sécurité informatique, tests d’intrusion Conseil médical ou pharmaceutique Morale : pour les très faibles risques, une entreprise individuelle bien assurée peut suffire. Au-delà, la Limited Company s’impose – car reconstruire son patrimoine privé coûte toujours plus cher qu’un peu d’optimisation fiscale… Gestion administrative : comptabilité, reporting et coûts récurrents Soyons francs : personne ne crée une boîte pour trier des papiers toute la journée. Mais mal gérée, la partie administrative peut couler ton entreprise – alors autant savoir à quoi t’attendre. En auto-entrepreneur : simple… mais pas anodin Comptabilité & suivi Une simple comptabilité recettes-dépenses suffit. En clair : Garder trace de toutes les recettes (factures, virements reçus) Conserver tous les justificatifs de dépenses Bilan mensuel ou trimestriel Préparer un récap annuel pour l’administration fiscale Prévois 2 à 4h de taf par mois… Ou 20h de panique en fin d’année si tu repousses tout. Obligations fiscales Provisional Tax : acomptes à régler d’ici 30 avril et 31 octobre Final Settlement : déclaration définitive avant le 30 juin de l’année suivante FSS (Final Settlement System) : calcul automatique par l’administration fiscale Coûts annuels typiques : Renouvellement licence activité : €50 – €125 Logiciel de compta : €100 – €300 Conseil fiscal : €300 – €800 (vivement conseillé, mais optionnel) Total : €450 – €1.225/an En Limited Company : c’est pro… et exigeant Comptabilité en partie double Ici, il te faut une gestion complète, comprenant : Compte de résultat Bilan (actif/passif) Tableau de flux de trésorerie Rapport des directeurs Annexes aux états financiers N’espère pas faire ça seul·e sauf si tu es expert-comptable. Prévois le coût d’un cabinet. Compliance & reporting Une Limited Company a plusieurs obligations déclaratives : Obligation Délai Coût Annual Return Jusquau 31 janvier €245 États financiers 10 mois après clôture €0 (frais de dépôt) Déclaration fiscale Jusqu’au 31 mars €0 Taxe sur dividendes À la distribution Variable Audit obligatoire selon taille Ton entreprise doit être auditée si, deux années de suite, elle coche deux critères : Chiffre d’affaires > €175.000 Total bilan > €87.500 Plus de 3 salariés L’audit coûte €2.000 – €5.000 – c’est loin d’être anodin. Comparaisons réelles des coûts : combien ça touche vraiment ? Auto-entrepreneur (option minimum) : Compta en solo (2h/mois) : €0 Logiciel (Xero/QuickBooks) : €200/an Conseil fiscal : €400/an Licence et frais divers : €125/an Total : €725/an Auto-entrepreneur (option confort) : Comptable dédié (4h/mois × €30) : €1.440/an Logiciel : €200/an Conseil fiscal : €600/an Licence : €125/an Total : €2.365/an Limited Company (classique) : Comptable (par mois) : €2.400/an Clôture annuelle : €1.200/an Conseil fiscal : €1.500/an Annual Return et taxes : €245/an Compliance, formalités : €300/an Total : €5.645/an Arnaques chronophages et leur parade La TVA, attention ! Dès €35.000 de CA, tu deviens assujetti à la TVA (19%). Conséquences : Déclarations mensuelles à déposer avant le 15 du mois suivant Gestion séparée de la TVA collectée et déductible OSS pour ventes B2C européennes Oublie, et le contrôleur fiscal te tombera dessus – avec pénalités et éventuellement contrôle surprise. Le piège PAYE en Limited Company Si tu te verses un salaire comme dirigeant (fréquent pour l’optimisation fiscale), tu dois gérer le système PAYE : Paye mensuelle Enregistrement auprès du Malta Employer Services Prélèvement des charges sociales et de l’impôt C’est du taf supplémentaire, potentiellement source d’erreurs… Mes conseils selon ta situation Tu commences avec moins de €20.000 de CA : Prends l’entreprise individuelle, fais ta compta toi-même et trouve un·e bon·ne conseiller·ère fiscal·e pour la liasse annuelle. Xero ou QuickBooks coûtent €15/mois et te feront gagner des heures. Tu gagnes entre €20.000 et €50.000 : La Limited Company devient attrayante. Investis dans un·e bon·ne comptable dès le début – c’est moins cher que de tout corriger ensuite. Prévois €300 à 400/mois pour la compta complète. Tu dépasses €50.000 de CA : La Limited Company s’impose. Trouve une société de conseil reconnue, habituée aux clients internationaux. Certes, ça coûte €500-800/mois, mais ça t’épargne des soucis et des ennuis légaux. Au final : la charge administrative est prévisible et évolue avec ton activité. L’important : mettre le prix pour une gestion pro vaut largement mieux que de bricoler – car une erreur de conformité peut te faire perdre des années. Pas à pas : comment créer son entreprise à Malte Assez de théorie. Place à la pratique : voici toutes les étapes et embûches du parcours création à Malte – vécues et validées sur le terrain. En amont : ce qu’il faut préparer avant de débarquer Préparer et apostiller les documents Malte, c’est l’apogée de la bureaucratie. Gagne du temps : fais préparer ces docs à l’avance : Acte de naissance (apostillé) Extrait de casier judiciaire (apostillé de moins de 3 mois) Justificatif d’adresse professionnelle (bail ou facture) Référence bancaire de ta banque allemande CV en anglais Photos d’identité (6 au format maltais) L’apostille s’obtient en Allemagne auprès de la préfecture compétente : délai 2-4 semaines, coût €5-25/pièce. Trouver une adresse pro Toute société maltaise doit avoir une adresse sur place. Trois possibilités : Ton domicile : économique, mais peu pro Service Registered Office : €200-500/an pour une adresse commerciale crédible Coworking : €100-300/mois avec espace de travail et réseau inclus Créer une entreprise individuelle : la voie rapide Étape 1 : réserver le nom commercial Va à la Malta Enterprise (Level 2, Valletta Waterfront). Horaires : 8h00-16h30, mais vise le matin – à 14h00 tout est bouclé. Prévois : 3 noms alternatifs Passeport €15 pour la réservation Si le système est en panne, le process peut durer 2h. Sinon, souvent réglé en 15 minutes. Étape 2 : demander la licence d’activité Dans la foulée, demande la licence : €125, généralement délivrée sur place. C’est un beau diplôme – fais-le encadrer, les Maltais adorent ! Étape 3 : inscription TVA (si besoin) Si tu prévois de dépasser €35.000 de CA, inscris-toi tout de suite à la TVA, sinon remets à plus tard. Procédure en ligne sur le Revenue Department Portal. Étape 4 : inscription Sécurité sociale Dans les 10 jours suivant le lancement, inscris-toi chez Jobsplus – souvent très pointilleux sur les documents apostillés, donc viens avec tout. Temps nécessaire total : 1-2 jours Coût total : €150-300 Créer une Limited Company : l’option pro Étape 1 : réservation du nom En ligne via le Malta Business Registry ou sur place, payant (€25, valable 2 mois), le nom doit inclure Limited ou Ltd. et différer des autres entreprises existantes. Étape 2 : rédiger statuts et Memorandum Ce sont tes statuts sociaux. Gabarits standards disponibles (€100-200) ou rédaction sur-mesure (avocat : €500-1.000). Étape 3 : déposer le capital social Minimum : €1.164,69 sur un compte bancaire maltais… ce qui pose toujours le même dilemme : il faut une société pour ouvrir le compte, mais un compte pour enregistrer la société. Deux solutions : Compte temporaire à la Bank of Valletta ou HSBC Malta Ou un prestataire s’en occupe (€200-500 de frais) Étape 4 : dossier au Malta Business Registry Déposer tous les docs suivants au MBR : Memorandum & Statuts Formulaire d’immatriculation Infos sur la direction Preuve d’apport du capital Adresse du siège social Délai : 5-10 jours ouvrés. Frais : €245 pour l’immatriculation. Étape 5 : demander Tax Number et TVA Après immatriculation, inscription au Commissioner for Revenue. Démarche en ligne, mais compte plusieurs semaines pour la réception des docs. Temps nécessaire total : 2-4 semaines Coût : €1.200-2.000 Le vrai parcours du combattant : ouvrir un compte bancaire à Malte Ce sera sans doute l’étape la plus coriace. Les banques maltaises sont ultra-prudentes avec les clients étrangers. Mes conseils : Bank of Valletta La plus grande du pays, réseau étendu Assez ouverte aux entrepreneurs Dépôt minimum : €500 Frais mensuels : €5-15 HSBC Malta Banque internationale, excellent service en ligne KYC très strict Dépôt minimum : €1.000 Frais mensuels : €10-25 APS Bank Banque locale, service plus personnel Dossier KYC plus clément Dépôt minimum : €250 Frais mensuels : €3-10 Documents nécessaires : Passeport + carte d’identité Justificatif d’adresse à Malte Licence ou certificat d’immatriculation Lettre de référence bancaire (Allemagne) Justificatif d’origine des fonds Business plan (1-2 pages suffisent) Compter 2-3 rendez-vous : le premier pour déposer le dossier, puis attente du contrôle conformité, puis ouverture effective. Erreurs de création fréquentes et solutions Erreur 1 : mauvaise classification métier Malte utilise des codes NACE – certains exigent des licences ou redevances supérieures. Computer programming activities (62.01) est plus sûr que IT consultancy (62.02). Erreur 2 : Registered Office ultra-low-cost €50/an c’est tentant, mais si l’adresse est blacklistée par l’administration, tu auras des blocages à la banque et avec les clients. Mieux vaut investir €200-300/an pour une adresse valide. Erreur 3 : ignorer la résidence fiscale Avoir une société à Malte ne te rend pas résident fiscal. Il faut passer plus de 183 jours/an sur place ET s’enregistrer. Sinon, tu restes imposé en Allemagne sur tes revenus mondiaux. Erreur 4 : négliger la conformité L’Annual Return n’est pas une option : si tu oublies, la société est radiée automatiquement – la réactivation coûte du temps (et de l’argent). Conclusion : Créer sa boîte à Malte reste réalisable, mais rien de plug & play. Compte 4-6 semaines de délai pour tout caler. Et investis dans un bon accompagnement : le temps gagné vaut bien plus que le coût. Erreurs fréquentes dans le choix du statut – et comment les éviter Après deux ans à Malte et des dizaines d’échanges avec des porteurs de projet, j’ai recensé les pièges classiques. Ils coûtent cher – et pourtant, tu peux facilement les esquiver si tu es prévenu·e. Erreur 1 : Je commence petit, alors une entreprise individuelle suffit Le problème : Beaucoup sous-estiment la rapidité de la croissance – ou le niveau de risque, même dès le premier contrat. Exemple vécu : Marcus, développeur web allemand, vise €15.000 de CA la première année. La deuxième, il passe à €45.000 et regrette la lourde fiscalité. Changer de statut à ce stade prend 6 semaines et coûte cher – autant de semaines sans pouvoir signer de nouveaux clients. La bonne approche : Si tu prévois de grandir ou d’exercer une activité à risque, pars directement sur la Limited Company. Investir €3.000-4.000 dès le début, c’est miser sur ta flexibilité. Erreur 2 : Limited Company, forcément plus avantageux fiscalement Le problème : Beaucoup ne regardent que les 5% d’impôt effectif… et oublient tous les frais d’à-côté. Calcul pour €20.000 de CA : Entreprise individuelle : €2.700 d’impôt + €1.200 de charges = €3.900 Limited Company : €1.000 d’impôt + €4.500 de charges = €5.500 Soit €1.600 de plus en Limited Company La bonne approche : Intègre tous les frais pour comparer. En dessous de €25.000/an, l’entreprise individuelle est souvent la plus rentable – sauf s’il y a des risques de responsabilité importants. Erreur 3 : Je suis européen, donc tout est simple Le problème : La liberté de circulation UE ne supprime pas toutes les contraintes : Malte a ses propres règles en matière de résidence fiscale et d’obligations. Classiques galères : Résidence fiscale : Il faut s’enregistrer pour devenir résident maltais, ce n’est pas automatique Sécurité sociale : Certificat A1 obligatoire si tu gardes ta sécu allemande Double imposition : Sans radiations officielles en Allemagne, tu paies dans les deux pays La bonne approche : Prends un·e fiscaliste qui gère la stratégie globale – pas uniquement la partie maltaise. Erreur 4 : J’ouvrirai le compte pro plus tard Le problème : Sans compte en banque maltais, rien ne fonctionne – et l’ouverture prend souvent des semaines. Risques : Clients bloqués pour payer Paiements d’impôts impossibles Manque de crédibilité Impossible de verser le capital social La bonne approche : Priorité absolue à l’ouverture de compte, idéalement en parallèle de la création de société. Erreur 5 : La paperasse, je la réglerai plus tard Le problème : Les deadlines maltaises ne plaisantent pas. Retard = pénalités, voire radiation pure et simple. Deadlines critiques : Annual Return : Avant le 31 janvier – retard = €100-500 de pénalités Tax Returns : Délais selon la forme – retard = impôt d’office Déclarations TVA : Mensuelles avant le 15 – en retard, tu prends une amende directe La bonne approche : Mets des rappels dans ton agenda ou embauche un·e comptable qui suit tout pour toi. Erreur 6 : Je zappe le fiscaliste Le problème : Le système fiscal maltais est tordu. Une petite erreur coûte vite un bras. Exemple coûteux : Sofia sélectionne le mauvais Tax Account pour ses clients UE. Résultat : 35% d’impôt au lieu de 5% – qu’elle ne découvre qu’au prochain bilan. Note finale : €8.000 à payer… La bonne approche : Mets €1.000-2.000/an dans un·e spécialiste – cela te fait économiser bien plus sur la durée. Erreur 7 : Malte, c’est le paradis fiscal – donc zéro impôt Le problème : Malte optimise la fiscalité, mais rien n’est gratuit, et l’UE surveille de près. La réalité : 5% imposé – mais à condition de bien structurer Les règles de substance sont de plus en plus strictes Les directives ATAD limitent l’évasion fiscale agressive Les administrations allemandes examinent les sociétés maltaises à la loupe La bonne approche : Construis un projet solide, avec activité réelle. Malte fonctionne pour les vraies boîtes, pas pour les coquilles vides. Erreur 8 : Je peux changer de statut à tout moment Le problème : Passer d’une forme à l’autre est bien plus complexe qu’on ne croit. Ce que ça implique : Nouveau compte bancaire à ouvrir Tous les contrats à refaire La fiscalité passée peut s’ajuster à rebours Informer tous les clients 6 à 8 semaines de transition La bonne approche : Consacre-toi à la réflexion dès le début. Une grosse semaine de planification en amont épargne des mois de galères plus tard. L’arbre décisionnel ultime Voici ma matrice décisionnelle issue de centaines de coachings : Prends entreprise individuelle si : Tu vises moins de €20.000 de CA ET activité peu risquée (écriture, graphisme, conseil non engageant) ET tu ne veux pas grandir ET la flexibilité compte plus que l’optimisation Prends Limited Company si : Tu dépasses €25.000 OU activité à risques (IT, marketing, finance…) OU clientèle B2B internationale OU projets de levées de fonds/croissance Conclusion : La plupart des erreurs viennent de la précipitation ou de conseils incomplets. Investis une bonne semaine dans la réflexion : tu éviteras des mois, voire des années, de corrections ! Questions fréquentes Puis-je facilement créer une entreprise à Malte en tant qu’Allemand·e ? Oui, en tant que citoyen·ne de l’UE, tu as un droit d’établissement à Malte. Tu peux ouvrir une entreprise individuelle ou une Limited Company. Il suffit de respecter la législation et la fiscalité locales. Faut-il une adresse maltaise pour l’entreprise ? Oui, l’entreprise doit avoir une adresse enregistrée à Malte. Ce peut être ton domicile ou un Registered Office pour €200-500/an. La plupart des coworkings proposent aussi des adresses pro. Combien de temps pour créer une entreprise individuelle vs. une Limited Company ? En entreprise individuelle, tout est prêt en un jour si le dossier est complet. Une Limited Company prend 2-4 semaines, en attendant le MBR et surtout l’ouverture du compte bancaire. Quels sont les coûts réels, sans frais cachés ? Entreprise individuelle : €150-300 pour les formalités. Limited Company : €1.200-2.000 (tout inclus : frais, capital, accompagnement). Charges annuelles : €450-1.200 (auto-entrepreneur) ou €4.000-6.000 (Limited Company). Vrai ou pas : seulement 5% d’impôts à Malte ? Uniquement sous certaines conditions. En Limited Company, avec la bonne structure et la distribution totale des bénéfices, grâce au Full Imputation System tu peux arriver à 5% effectif. En auto-entrepreneur, c’est l’impôt progressif classique (0-35%). Dois-je rester 183 jours à Malte pour profiter des avantages fiscaux ? Oui, c’est la condition pour devenir résident fiscal maltais et profiter du système local. Si tu restes moins longtemps, tu restes généralement imposé dans ton pays d’origine – même avec une société maltaise. Quelles assurances recommandez-vous pour freelancer à Malte ? À conseiller : assurance RC Pro (€300-800/an) pour la faute métier et RC générale (€150-300/an) pour les dommages matériels. En IT, la cyber-rc (€400-1.200/an) devient incontournable. Puis-je utiliser mon compte bancaire allemand ou est-ce obligatoire d’en avoir un maltais ? Il te faut obligatoirement un compte maltais pour l’entreprise. Les comptes allemands ne conviennent pas pour les paiements d’impôts ou le dépôt du capital social. Tu peux garder tes comptes privés à côté. Si je quitte Malte ensuite, est-ce compliqué de fermer l’entreprise ? En auto-entrepreneur, la fermeture est relativement rapide. Limited Company : liquidation obligatoire, compte 3-6 mois et €1.000-3.000 en fonction de la situation. Mes clients allemands sont-ils impactés par mon statut ? Dans certains cas oui. En Limited Company maltaise, tes clients allemands doivent souvent prélever 5% à la source (que tu récupères, mais impacte la trésorerie). En B2B avec numéro de TVA allemand, ce n’est généralement pas applicable. Les auto-entrepreneurs n’ont pas ce souci.